Ce thème peut sembler secondaire.
Pourtant si j’en juge par l’abondance des commentaires, anecdotes et témoignages reçus lors de notre enquête, qui mettent en cause l’absence d’écoute dans l’entreprise,il existe un lien étroit entre les qualités d’écoute des managers et la motivation des managés. Ou, pour être plus précis, entre l’absence d’écoute et la démotivation.(…)
Qu’est-ce que l’écoute ? Chacun croit le savoir et, surtout, la mettre en pratique. Chose étonnante, aucun manager ne nous a jamais demandé, au cours de formations que nous animons, de l’aider à développer ses qualités d’écoute ! Le sentiment d’écoute est directement lié au besoin de reconnaissance. Et c’est le dernier besoin qui est toujours cité en première position pour expliquer la démotivation.
Savez-vous écouter ?
Réalisez ce petit test : imaginez qu’un bon collaborateur vienne vous voir et vous dise : « Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’ai l’impression de ne plus y arriver. La pression est devenue trop forte. Les clients internes comme externes sont toujours plus exigeants et puis l’ambiance de travail se dégrade. Je me demande sérieusement si je ne vais pas tout laisser tomber. »
Prenez une feuille de papier et écrivez ce que vous lui répondriez.
Lorsque quelqu’un s’adresse à nous, nous avons 6 façons de l’écouter :
1 – L’écoute évaluative
Je vais porter un jugement sur ce qui vient d’être dit. Pratiquer une écoute évaluative revient à évaluer de manière quasi binaire –en bien ou mal, vrai ou faux, juste ou injuste – le message que l’on reçoit.
Exemple : » Tu sais, où que tu ailles, tu retrouveras les mêmes difficultés : des clients exigeants et des collègue. »
2 – L’écoute interprétative
Je vais chercher, dans mon monde à moi, à partir de ma propre expérience, les raisons qui peuvent expliquer le message que je reçois.
Exemple : « Tu es surmené en ce moment et quand on est surmené, on a envie de tout laisser tomber… »
3 – L’écoute de soutien
J’apporte soutien et réconfort. Mon écoute est orientée de façon à offrir une épaule secourable. C’est l’instinct paternel/maternel qui s’exprime alors.
Exemple : « Ne t’inquiète pas, on a tous ce sentiment à un moment ou à un autre. Mais on forme une équipe et tout le monde t’apprécie. Tu sais que tu peux compter sur moi. »
4 – L’écoute de solution
Je suggère à l’émetteur ce qu’il devrait faire.
Exemple : « Essaies de prendre quelques jours de vacances et va t’aérer pour de bon. Rien de tel que de longues balades en montagne pour se ressourcer. »
5 – L’écoute d’enquête
Le récepteur du message va poser de nouvelles questions pour en savoir davantage.
Exemple « Que s’est-il passé concrètement ? » » As-tu eu quelques conflits ? »
6 – L’écoute de compréhension
Je vais reformuler, avec mes propres mots, la pensée de l’émetteur. Cela me permet de vérifier ma compréhension du message et d’inciter l’émetteur, le cas échéant, à préciser sa pensée.
Exemple : « Tu trouves qu’il y a de plus en plus de stress dans les relations professionnelles, et que les relations de travail se dégradent et en plus tu te pose la question de quitter l’entreprise ? »
Seules les deux dernières attitudes d’écoute (enquête et compréhension) participent d’une écoute authentique, profonde, et finalement motivante, car elles relèvent d’une véritable reconnaissance d’autrui.
Prenez du recul sur vos échanges avec vos collaborateurs. Essayez d’analyser votre écoute et vous constaterez avec regret que les attitudes d’enquête et de compréhension sont souvent absentes et que nous sommes très prompts à juger (évaluation), suggérer (solution) et parfois à soutenir.
(…)
Source : « L’Art de Motiver » – Michaël AGUILAR – DUNOD – 2009